Par compassion, ou fatiguée devant mes lamentations qu’on manque de visionnaires, que la poursuite sans fin de la croissance est notre seul avenir, etc, etc, ma fille m’a offert un livre écrit par son prof d’histoire.

Raphaël van Breugel et Olivier Hubert ont signé un essai pour un monde sans exploitation rentière. C’est tout simple, frais, il suffisait d’y penser! Pour sortir de cette sale crise, il existerait donc d’autres moyens que de réamorcer la pompe du même système, attendre que ça reparte, jusqu’à ce que ça replonge de plus belle. Sans se prendre pour Arlette Laguiller, force est de constater que le système libéraliste n’évolue pas dans une direction acceptable pour les hommes qui travaillent, pour l’environnement, pour l’Homme. Pris, impuissants, dans ce système, les salariés contribuent à se fragiliser eux-mêmes, « acceptant » le système parce qu’il leur laisse croire qu’ils peuvent en profiter (le rêve des petits actionnaires). Et ne savent de toute façon pas quoi faire d’autre.

Bien contentes d’être sauvées par l’Etat, les banques rejettent toute taxe sur les bénéfices liés à la bourse. Le capitalisme ne fonctionne que dans un sens. Les profits sont privatisés, les pertes mutualisées. Le capital est toujours gagnant, la collectivité toujours perdante.

Le capitalisme est un système de répartition qui prélève une part de la richesse produite pour rémunérer un capital qui s’accumule. Pour rémunérer celui-ci, il faut toujours plus de profits. Pour assurer la croissance des profits le système capitaliste a besoin de s’étendre indéfiniment, c’est le processus de marchandisation du monde. Comment convaincre (voire contraindre) les élites économiques et politiques qu’il est temps de passer à un autre projet?

Depuis l’Antiquité, des théoriciens ont défendu l’idée de supprimer la rente, principe fondateur du système capitaliste actuel. Lorsque la rémunération du capital devient excessive, le système économique s’effondre par manque de débouchés. Cet effondrement ne peut être retardé indéfiniment par l’endettement (crédit) des ménages, car tôt ou tard il faut rembourser les dettes, ce qui ampute d’autant la consommation. Il faut en finir avec le principe même de l’accumulation.

Parce qu’on « ne combat pas quelque chose avec rien », les auteurs ouvrent des portes sur un système économique juste, stable, remettant au centre la démocratie et de la solidarité.

Ils proposent de donner le pouvoir de décision des entreprises à ceux qui créent la richesse, non aux actionnaires, non concernés par les risques et qui ne travaillent pas. Les salariés seraient responsables selon leurs compétences. Au lieu de rémunérer les actionnaires, l’argent permettrait d’augmenter les petits salaires, d’engager les chômeurs, etc. La bourse et les sommes folles vite gagnées n’existant plus, la fascination de l’argent diminuerait. On pourrait tous penser un peu plus à autre chose. A la culture, à l’environnement, au bien-être, aux relations entre les hommes. Seules les banques pourraient financer la création d’entreprises, celles qui existent s’auto-financeraient. Beaucoup d’autres thèmes sont abordés, par rapport à l’Europe, à la mondialisation, à la façon de faire de la politique… Et tout ça, c’est possible, dès demain! Je ne m’en remets pas.

L’anticapitalisme démocratique, Olivier Hubert et Raphaël Van Breugel, éditions Bénévent (en vente sur Amazon).