Redoutable commerciale et stratège, Isabel Verstraete a désespéré plus d’une agence lorsqu’elle a décidé, il y a quelques mois, de se lancer à son compte. Son professionnalisme, son pragmatisme, sa connaissance du marché belge, mais aussi sa décontraction et son sourire remportent un franc succès auprès bien des annonceurs. En outre, qualité assez exceptionnelle pour un account (c’est une créative qui l’écrit), Isabel ne porte pas de tailleurs BCBG, ne possède aucun it-bag bling-bling, aime l’art, bref a bon goût et ça saute aux yeux dès l’ouverture de son site. Que fait  »i » ? Des recherches d’insights et de positionnement, des analyses de marchés et de marques pour permettre à celles-ci d’évoluer sûrement et pour longtemps.

Cet amateur de café qui a lancé Caffenation à Anvers – dont je voulais parler depuis longtemps car le concept de ses cafés est très  »pur » – aurait-il mis David Lynch parmi ses centres d’intérêt, sur son blog, s’il avait su qu’un jour celui-ci se lancerait lui aussi dans la torréfaction ?! C’est un fait: plus personne n’hésite à créer ses propres produits, à l’instar d’Antoinette Ribas, art director et non designer, mais qui avait besoin d’une table basse. Le « David Lynch Signature Cup Organic » est sorti le mois dernier et on peut déguster le film de son lancement, le plus  »strange » des spots publicitaires. Je vous préviens, il faut une certaine patience…

TableMag Antoinette Ribas, mai 2011

Hedge Teno.

Le digital n’a rien changé mais tout a changé dans le digital. (A voir en cliquant sur Hedge Teno ci-dessus.)

Bref, on a encore du boulot.

Bradford Cox est fascinant. Squelettique – il est atteint du syndrome de Marfan, une maladie génétique rare – ça paraît miraculeux d’entendre sa voix ou de ne pas le voir s’effondrer en plein solo de guitare. Phénoménal sur scène, dégaine invraisemblable, personnalité considérable, compositions géniales, le concert de son groupe Deerhunter a transporté un public sidéré. Personnellement, je ne m’en remets pas. A quand Atlas Sound? 

Séville a un attendrissant côté désuet. Les boutiques n’ont pas changé depuis les 60’s: anciens modèles de grille-pain Moulinex, pantalons en tergal beige, statues de tête de Jésus ornée d’une couronne d’épines dans chaque vitrine entre les sucettes, les espadrilles ou les bâtons d’encens. L’ex-quartier futuriste de la ville, vestige de l’Expo 92, est complètement à l’abandon. Les palais d’influence mauresque et les parfums de fleurs d’oranger et de jasmin nous plongent dans un monde passé intemporel et romantique. Puis soudain, au détour d’une ruelle, une étrange sculpture surgit, tons blanc et crème, comme un pied de champignon géant stylisé en béton. En avançant, l’effet est sidérant: une construction en bois de 11.000 mètres carrés s’étend 28 mètres au-dessus de nos têtes et du mercado de la Plaza de la Encarnación. 

UNE PROUESSE MONDIALE D’INGÉNIERIE BOIS. C’est le Centre Urbain Metropol Parasol, conçu par l’architecte allemand J Mayer H- il a remporté le concours international d’architecture pour la réhabilitation de cette place en 2004. L’un des projets urbains les plus visionnaires d’Europe. Un puzzle de 3.000 pièces de bois blond, dont la forme semble issue de calculs d’ordinateur. Après Bilbao et son musée Guggenheim (Frank O. Gehry), Barcelone et sa tour Agbar (Jean Nouvel) et Valence et son palais des Arts (Santiago Calatrava), Séville possède donc son « architecture-sculpture » qui fait également office de musée archéologique, de marché couvert et d’espace d’événements publiques.

Photos Fred Van Hoof.

Désormais en France, comme en Belgique, au Royaume-Uni et bientôt aux USA, des photos pour le moins dissuasives sont imposées par le Ministère de la santé sur les paquets de cigarettes. Il aura fallu 11 ans pour que les anti-tabac aient gain de cause, l’industrie du tabac étant toujours aussi puissante et organisée et les politiques, pensant finance, multipliant les concessions. Décourageantes pour les associations contre le tabagisme, les idées pour éviter aux fumeurs de voir ces photos choc ne manquent pas. Exemple: PrintMyPack.com, gratuit et à visée artistique, permet de customiser son paquet.

Les ados ne s’approprieront-ils pas cette nouvelle mode de paquets personnalisés ? Pire, imaginer que des messages, inventés par des fumeurs maîtrisant l’humour noir, circulent sur le net et ailleurs ne fassent gratuitement la promotion de la cigarette est contrariant. Pour la directrice du CNCT, Emmanuelle Béguinot, cette mesure remet tout de même en cause l’image glamour (et positive) des produits, à laquelle sont sensibles les jeunes. Ce dispositif peut être un déclencheur fort de l’arrêt de fumer, même si celui-ci doit s’accompagner d’autres mesures pour rester définitif.

L’Europe se bat depuis quelques années pour instaurer les  »paquets neutres » qui se caractérisent par la suppression de tous les éléments rappelant l’univers publicitaire de la marque. Considérés comme ternes, peu stylés, ils ne renvoient plus à l’imaginaire, essentiel dans le déclenchement de l’acte d’achat, selon les études. Ils ne donnent pas envie d’être achetés. Plus les paquets seront vides, blancs, sans intérêt, moins ils susciteront un quelconque jeu ou détournement.

Dominique Meens. Je me trouvai dans une troupe de grues, lesquelles d’abord furent étonnées de me voir si haut. Né en 1951 à Saint-Omer. Diplômé de nulle part. Sans emploi.

Ouvrez la Petite Porte et entrez chez Dominique Meens: Les Passagers de la nuit, à 23h les lundi 28, mardi 29, mercredi 30 et jeudi 31 mars 2011, sur France-culture. De la pure littérature.

Ça a commencé avec mon buste d’Arzack qui tombe de l’étagère, bientôt suivi de quelques livres. Puis cet épouvantable craquement qui parcourt tout l’appartement. 
Les travaux en bas de l’immeuble qui s’arrêtent soudainement. 
L’arbre en face qui vibre comme une brindille.
La télé qui tremble et glisse sur le meuble.
La bibliothèque qui menace de tomber sur laquelle je me précipite, pour la retenir, les livres qui s’éparpillent sur le sol.

Je me dis que, peut-être, je vis là de manière totalement dérisoire mes derniers instants, que je suis en train de faire un truc complètement con au lieu de… de quoi d’ailleurs ?

Puis je pense que c’était peut-être ça les tapis de bombes américains sur Tokyo pendant la seconde guerre mondiale. Et puis tous les tapis de bombe de toutes les guerres. Cette sensation que le sol devient mou, l’impression d’être sur un bateau dans une mer démontée. Impossible de maintenir mon équilibre, le parquet semble onduler comme un matelas à eau. Derrière moi, j’entends des trucs tomber dans la cuisine. Les tiroirs des commodes s’ouvrent tout seuls, vomissant leur contenu. 
J’ai le cœur qui bat à cent à l’heure. Je vois les plafonniers danser, leur cordelette s’agiter en tous sens.
La barre de maintien latérale de la biblio a glissé de 10 cm.
Je débranche les appareils électriques. 
Je descends le téléviseur de son meuble. Je pousse la table contre la biblio dans l’espoir qu’elle la retiendra.

Je quitte l’appartement. Si je dois mourir, je ne veux pas que ce soit enseveli comme une taupe, sous trois étages de ferraille, de verre et de gravas. 
J’emporte mon petit sac, mais il n’y a pas grand chose dedans.

Je pleure. Je pense à ma femme.

Epilogue

Yoko est rentrée, enfin. Après deux heures trente de marche, comme des millions de Tokyoïtes, toutes les lignes de trains et de métro ayant fermé. Elle est coiffée d’un casque que lui a donné sa boîte. Dans son open space, tout le monde était sous les bureaux pendant les secousses.

C’est vraiment effrayant cinq degrés sur l’échelle de Richter. Les secousses continuent mais elles n’ont plus cette amplitude. Cette nuit on se couche avec l’équipement de survie et les manteaux au pied du lit au cas où il faudrait s’enfuir de la maison.

Sans doute êtes-vous l’un des 5 613 733 qui ont vu ce film Volskwagen diffusé lors du Super Bowl 2011. 

Peut-être êtes-vous l’un des milliers de parent qui ont un fils qui se déguise en Dark Vador.

Peut-être avez-vous souri intérieurement en voyant sursauter ce gamin dont on imagine parfaitement la mine ébahie sous l’énorme masque noir.

Mon fils, Robinson, 10 ans.

www.olafbreuning.com: jolie intro de site toute simple pour ce photographe suisse bourré de talent et d’humour.