Balade au petit bonheur la chance (et la malchance) dans les rues de Paris, la semaine dernière. Déjà deux fois que je tente de voir Soulages et sa peinture en clair-obscur, la lumière de cette couleur qu’il appelle lui-même l’outre-noir. Mais Beaubourg est en grève, suite à 27 licenciés. Il y aura donc une troisième fois…

 La crise a aussi fait des ravages dans les agences parisiennes. La plupart des bureaux ont troqué leur faste d’il y a dix ans contre des immeubles tristounets, limite agences bancaires. La création souffre ici, d’ailleurs les DC regardent avec envie la Belgique et son avance en communication digitale. Les Boondoggle et Mortier’s impressionnent ceux qui, jusqu’il y a peu, ne s’intéressaient qu’au cinéma. Globalement conventionnelle, la pub française s’ennuie et ça se voit sur les murs. Créer sa propre agence est une façon de s’amuser, mais il faut oser, comme mon amie qui dirige la petite agence spécialisée dans le luxe, Mselle Noï. Ailleurs, ça restructure, ça philosophe, et tiens, ça fait un peu appel aux stratèges.

 Il reste des salariés qui gagnent bien leur vie, à Paris, qu’on se rassure. Il n’y a qu’à passer devant les vitrines de Saint-Germain où la moindre paire de chaussure avoisine les 500 euros (la mode est aux compensées cet hiver).

Ou pousser jusqu’à Auteuil et pénétrer dans l’une des ces incroyables villas privées, aux jardins envahis de palmiers et de roses, aux vérandas de verre et d’acier, aux jardins suspendus.

Au fond de l’une d’elle se cache la  »Villa Della Rocca », maison sur pilotis construite par Le Corbusier pour son ami collectionneur Raoul La Roche en 1924, qui vient d’être réouverte au public après rénovation. Tout est beau et va droit à l’essentiel avec un dépouillement très actuel, des vues magiques sur les hauts murs arrondis depuis les balcons en porte-à-faux. Les couleurs sourdes, proches de la nature, ont bien pu inspirer Agnès Emery, avec des murs bleu très clair répondant à du rosé, de l’ocre et des gris.